Petite histoire de la guêpière 

La guêpière est un sous-vêtement féminin qui regroupe, en une seule pièce de lingerie, les fonctions du bustier (à savoir, soutenir la poitrine) et du porte-jarretelles (des attaches servant à fixer les bas sur les hanches). Néanmoins, elle prend moins appui sur les hanches que le porte-jarretelles.

Elément indispensable du New Look des années 1950, la guêpière n'est pas longtemps resté un incontournable dans la vie de tous les jours.

L'Antiquité 

L'histoire de la guêpière commence pourtant dès l'Antiquité avec son ancêtre : le corset. Le deuxième millénaire avant Jésus-Christ a, en effet, déjà découvert ce "linge de dessous" soutenant les poitrines à leur base. Obsédés par l'harmonie, les Grecs s'opposent à l'idée du sein tombant, comme les Romains dont les fascia emprisonnent les seins essentiellement pour freiner leur croissance, cédant la place, si nécessaire, au mamillare, soutien-gorge de cuir mou chargé d'écraser la poitrine des matrones. Non, la vie des femmes ne devait pas être facile tous les jours ...

La chute de l'Empire romain et les grandes invasions celtes et germaniques signent la liberté du buste. 

Le Moyen-Age et la Renaissance 

Au XIIe siècle, avec la mode des vêtements moulants, finie la liberté : taillé près du corps, lacé, le corsage enserre le buste comme une cuirasse. Les vêtements étranglent à nouveau une poitrine que le puritanisme moyenâgeux préférerait effacer (je n'aurai jamais compris que l'on puisse s'opposer ou maltraiter à cette élément de féminité ...).

Trois siècles plus tard, nouveau bouleversement : montrer la naissance des seins est chose permise, sinon souhaitée. Même si certains prédicateurs et le clergé s'en offusquent, les seins sont dressés, mis en évidence (entre le puritanisme d'avant et la provocation d'alors, n'auraient-ils pu trouver un compromis ?).

L'attitude redevient vertueuse sous Charles Quint puis Henri II. Les femmes sont captives de robes sombres fermées jusque sous le menton et se voient forcées de renfiler un corset qui n'a vraiment rien d'un accessoire érotique. Un siècle plus tard, le cardinal Mazarin ira jusqu'à rendre, en 1654 et 1656, deux édits contre les passementeries et les éléments de la toilette féminine. L'abbé Jacques Boileau, frère de Nicolas, publie De l'Abus des Nudités de Gorge, charge violente contre les femmes décolletées. L'intolérance menace.

La réaction viendra d'abord de la Régence. Finies les polémiques autour de la gorge. Les discours libertins les remplacent, et si le corset reste d'actualité, des baleines plus souples et plus nombreuses contribuent à le rendre moins contraignant, les décolletés refleurissent.

De même, les corsets à baleine (les instruments de torture tels qu'on les qualifiait alors) ne franchiront que rarement le milieu de la noblesse. En effet, à la campagne, les femmes de condition modeste y ont depuis longtemps renoncé, leur préférant le corselet lacé, pas trop serré, qu'elles enfilent sur leur jupe et leur chemise afin qu'il n'entrave pas leurs activités.

Un présage pour le futur ... 

Les temps modernes 

Jugé trop contraignant, le corset s’accommode mal avec la garçonne attitude des années folles (la fin du XIXème et le début du XXème siècle) et la pratique du vélo par les femmes vers les années 1910.

Quand arrive la Première Guerre Mondiale, les femmes troquent l'ancien corset pour un modèle plus commode, plus pragmatique : les bourgeoises troquent leur corset contre une gaine, plus souple, donc plus facile à enfiler, où les baleines sont remplacées par des ressorts caoutchoutés. Le corset ne s'en remettra pas, définitivement sacrifié sur l'autel de la commodité. 

L'arrivée de la guêpière 

Il faudra encore patienter jusqu’en 1946 pour qu’apparaisse la très papillonnante guêpière. Façonnée dans l’atelier d’un couturier pour incarner la frivolité, elle a su allier le confort et le glamour pour chouchouter la taille des dames en la sublimant et magnifier les galbes de leur poitrine.

Pourtant, force est de constater qu'en dehors d'être un accessoire érotique, une gourmandise coquine ou l'indispensable coquetterie à porter sous une robe de mariée pour pimenter la nuit de noces, la guêpière ne se sera jamais imposé comme un sous-vêtement à porter tous les jours, la vedette lui ayant été ravie par un certain soutien-gorge ... Pourquoi cet état de fait ? Les modes de vie ont changé, la femme a troqué la jupe pour le pantalon et les bas ne sont donc plus devenus indispensables. Pourquoi s'encombrer d'un porte-jarretelles dans ce cas ?

guepiere

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